L'esthétisme est un mouvement artistique, littéraire et philosophique qui se déroule principalement dans l'Angleterre à la fin du XIX e siècle, contemporain du symbolisme en France et du décadentisme. Ce mouvement met en évidence l'esthétique des formes d'expressions artistiques, plutôt que les valeurs morales et sociales qui leur sont attachées: en effet sa devise est « l'Art pour l'art » expression tirée par Théophile Gautier. Les mots clés de l'esthétisme sont la recherche de la beauté et du plaisir analysés dans les champs littéraire et philosophique.
L’esthétisme dans la philosophie
L’idée de l’esthétisme trouve ses origines dans la philosophie antique. Pour Platon, la beauté était liée au divin. Il considérait que tout ce qui est beau, comme une œuvre d’art ou un paysage, reflète une idée parfaite qui existe dans un monde supérieur. Cette vision donnait à la beauté une valeur spirituelle et éternelle. Au XVIIIe siècle, Emmanuel Kant a joué un rôle clé en développant l’esthétique comme discipline philosophique. Selon lui, quand nous trouvons quelque chose de beau, comme un tableau ou une musique, nous ressentons un plaisir désintéressé. Cela signifie que nous n’attendons rien en retour: nous apprécions simplement la beauté pour ce qu’elle est. Schopenhauer, au XIXe siècle, a vu l’art et la beauté comme une façon d’oublier les souffrances de la vie. Pour lui, l’art permettait de s’échapper, même brièvement, de la réalité difficile du monde. Nietzsche, un autre philosophe important, pensait au contraire que l’art devait nous aider à affronter la vie, à la rendre plus intense et plus pleine de sens. Selon lui, l’art est une force puissante qui nous pousse à aller au-delà de nos limites.
L’esthétisme dans la littérature
Dans dans la littérature l’esthétisme est devenu un véritable mouvement au XIXe siècle. Il a influencé des écrivains qui cherchaient à célébrer la beauté, parfois en opposition aux valeurs traditionnelles de leur époque. La principale figure, sans doute la plus populaire, en est Oscar Wilde mais on a d'autres auteurs comme Charles Baudelaire et Gabriele D’annunzio, les plus célèbres dans les autres littératures étrangères. Ce qui est important de souligner c’est l'attitude à la vie qu'adoptent ces auteures. Ces auteurs esthétiques adoptent une attitude profondément individualiste, tournée vers la beauté et la recherche du plaisir. Leur vision de la vie est souvent considérée comme à la fois libératrice et provocatrice, car elle défie les attentes sociales et morales pour exalter l’art et l’expérience personnelle.
Charles Baudelaire, en France, est une figure centrale de ce courant. Avec son recueil Les Fleurs du Mal (I fiori del male), il a exploré une beauté complexe, parfois sombre et provocante. Il voyait la beauté même dans ce qui est étrange ou interdit, brisant ainsi les conventions morales de son époque. En Angleterre, Oscar Wilde a porté l’esthétisme à un autre niveau avec son idée de « l’art pour l’art ». Il pensait que l’art n’a pas besoin d’avoir une utilité ou une leçon morale. Dans son roman Le Portrait de Dorian Gray (Il ritratto di Dorian Gray), Wilde montre un monde où la quête de la beauté devient une obsession, avec des conséquences à la fois fascinantes et tragiques. En Italie, Gabriele D’Annunzio a ajouté une dimension très personnelle à l’esthétisme avec son roman Le plaisir (Il piacere). Dans ses œuvres, il mettait en évidence des personnages qui cherchaient à vivre des vies pleines de sensations fortes et de beauté, même si cela les conduisait à des excès ou à la décadence.